Chapitre VIII : Seconde chance

Publié le par Géhaimme

Cela faisait maintenant un mois et demi que le Chasseur déchu avait gagné les geôles de la prison d’Héléban. Sa vie se cantonnait à une étroite cellule de pierre avec pour seule vue sur le monde extérieur, une meurtrière condamnée par trois barreaux d’acier. Au-dehors se dessinaient les pentes menaçantes d’un massif montagneux. L’air y était glacial.

Comme chaque matin, Velkian commença ses séries d’exercices physiques. Un moyen de se réchauffer, mais aussi d’entretenir son corps et son esprit. Car malgré sa captivité et son exclusion de l’ordre, il continuait de vivre selon les préceptes qui avaient jusqu’ici régi sa vie.

Son échec était une honte pour lui et pour les Chasseurs. L’enfermement avait eu pour effet de l’obséder par cette condamnation. Malgré toute la dévotion qu’il portait envers Sa Majesté, il ne parvenait pas à comprendre la justesse d’un tel châtiment. Les Chasseurs étaient les ultimes protecteurs du roi, ainsi que le bras armé de sa colère. Cependant le monarque avait décidé d’être cruel et de lui préférer une condamnation à vie.

Cinquante-trois missions couronnées de succès, vingt années de services sans failles, pour finalement être remercié de la sorte ! Velkian était persuadé de mériter au moins l’honneur de la mort. Il avait déjà tellement œuvré pour le roi… Comment pouvait-on le traiter ainsi ? Il trouvait cela inconcevable. D’autant plus qu’aucun soldat de l’armée régulière n’avait été puni pour leur incompétence.

L’Ordre avait été toute sa vie. Il avait été entraîné et endoctriné dès son enfance pour servir le royaume d’Alfard. C’était ainsi qu’il s’était toujours défini. Aujourd’hui, il n’était plus rien. Son existence n’avait plus de sens. Il se sentait seul au monde, abandonné de tous.

Il chassa ces pensées et se focalisa sur ses exercices : de pareilles réflexions n’étaient pas dignes d’un Chasseur. L’Ordre avait suffisamment œuvré pour tenter de lui ôter cette faiblesse qu’était l’esprit critique. Une chose hideuse qui menait les armées à la désobéissance et donc à la défaite ! Par respect pour leur enseignement, il ne devait plus penser sur le bienfondé de son sort. En guise de punition, il convint de tripler ses exercices et de jeûner toute la journée.

Mais alors qu’il entamait sa cinquième série de pompe, des voix et des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. Velkian crut entendre son nom. Des bruits de pas se répercutèrent contre les murs. Au son, il devina que deux hommes accompagnaient le geôlier et que ces derniers approchaient de sa cellule. Son ouïe attentive remarqua que les trois paires de bottes produisaient un son identique, ce qui signifiait que les deux visiteurs portaient eux aussi des bottes militaires. Les bruits se stoppèrent devant l’entrée de sa cellule. Un cliquetis métallique retentit, et la lourde porte en chêne massif s’ouvrit. Deux hommes entrèrent.

Ils étaient vêtus de l’uniforme rouge et noir de l’armée régulière. Réglé comme du papier à musique, le Chasseur se mit aussitôt au garde-à-vous. Le premier visiteur était de grande taille. Il faisait près d’un mètre quatre-vingts. De carrure banale, il était cependant très droit de dos. Son visage était sérieux et orné d’un bouc impeccablement taillé. Des yeux verts scintillaient dans ses orbites. Une lueur intrigante y était décelable. Ses cheveux bruns étaient lissés et plaqués en arrière, ils disparaissaient sous un képi aux mêmes couleurs que l’uniforme. Velkian sentait une formidable prestance émaner de cet homme. Nul doute qu’il s’agissait d’un meneur d’hommes.

Le regard du Chasseur se posa alors sur les épaulettes du militaire. Il y vit cinq barres dorées brodées dessus, ce qui représentait le grade de colonel. Velkian prolongea son observation jusqu’aux écussons situés au niveau des épaules. Un cristal barré de deux épées y était cousu. Velkian fronça les sourcils, il ne connaissait aucune division qui portait de tels symboles.

– Repos, ordonna l’officier d’une voix calme et posée. Je suis le colonel Alexandre Arcturus, et voici mon bras droit, le lieutenant Depan.

Velkian scruta attentivement le deuxième homme : l’homme avait une tête de moins que son supérieur, mais il était d’une carrure plus imposante. Son visage était ovale et impeccablement rasé. Il avait un regard pénétrant et sûr de lui : le regard d’un combattant.

Sur un signe de tête, le colonel congédia le geôlier. L’homme se retira sans un mot, refermant la lourde porte derrière lui.

– Nous travaillons pour le département de l’armement, expliqua le dénommé Arcturus. Plus précisément, dans une de ses branches qui sont tenues dans le secret. Je vais être direct avec vous, si nous sommes venus à vous c’est pour vous recruter.

À ces mots, l’esprit du Chasseur se verrouilla à double tour. C’était à cause de l’armée régulière qu’il se retrouvait dans cette cellule, il était hors de question d’entrer à leur service !

– Je suis lié à mon ordre par un serment, dit-il, froid comme la glace. Je n’appartiens qu’à lui et à lui seul. Seul le grand maître a autorité pour répondre à cette requête.

Arcturus esquissa un sourire. Les Chasseurs étaient des fanatiques, les faire raisonner était aussi difficile que de faire parler une pierre. Cependant, il avait lu le dossier de ce Chasseur : à l’inverse des autres, son esprit était fort et rebelle. L’ordre n’avait pas réussi à le formater totalement. C’était par cette faille qu’Arcturus comptait s’engouffrer.

– Je connais le codex de votre ordre, Chasseur. Il m’emplit d’ailleurs de fierté de vous voir les respecter en dépit de votre situation. Je sais aussi que vous avez eu des différends avec l’armée régulière. Je tiens à vous préciser que nous n’en faisons pas partie.

– Le roi m’a condamné pour mon échec. Ma place est ici, dans cette prison, pour le restant de mes jours.

– Vous avez tort, démentit le colonel en secouant la tête, car là où vous ne voyez qu’une juste punition, je vois un gâchis monumental. Vous êtes l’élite du royaume ! Un combattant hors norme, entraîné depuis son plus jeune âge. Aucun soldat ne surpassera jamais vos talents, aussi doué soit-il. Votre corps et votre esprit forment une arme qui se dresse face à nos ennemis ; et une arme est faite pour être utilisée, non pour rouiller au fond d’un entrepôt.

De plus, le roi vous a destitué de votre titre de Chasseur. Officiellement, vous n’êtes donc plus membre de l’ordre ? Les règles du codex ne s’appliquent plus à vous.

Mais rassurez-vous, je ne vous demande pas d’oublier votre ancienne vie, je vous demande de réfléchir à votre avenir. Le roi et le royaume sont tout pour vous. Les servir est votre raison de vivre. Et c’est bien cela que je vous propose ! (Il marqua un temps de pause.) Le choix vous appartient. Si vous préférez rester entre ces murs glacials, à attendre la mort, c’est votre droit. Je dirais juste que c’est du gâchis : Alfard a tellement peu de serviteurs aussi dévoués que vous qu’il serait dommage de les perdre aussi inutilement.

Velkian ne sut quoi répondre. Les mots du colonel sonnaient juste à ses oreilles et encore plus à son cœur. Ils trouvaient en lui une résonnance parfaite avec ce mélange de sentiments contradictoires qu’il ressentait.

– Si mon offre est pour vous une offense, enchérit Arcturus, alors acceptez-la ! Prenez-la comme votre pénitence, pour purger votre honneur et celui des Chasseurs. Car s’il faut souffrir pour racheter ses fautes, je pense qu’il vaut mieux le faire utilement. (Le dénommé Depan lui chuchota à l’oreille). Je ne puis m’attarder davantage. Le lieutenant Depan reviendra recueillir votre réponse dans trois jours. D’ici là, réfléchissez soigneusement à ma proposition. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour Alfard !

Le lieutenant frappa à la porte métallique et le geôlier les fit sortir. Velkian se retrouva seul, en proie à un dilemme destructeur. L’armée régulière était son ennemi ! Et pourtant, il était plus que tenter de la rejoindre pour sortir d’ici.

– Pourquoi lui demandez-vous son accord ? demanda Depan, une fois qu’ils furent suffisamment éloignés de la cellule. Le roi lui-même nous a donné son autorisation.

– Il est important qu’il pense que c’est son choix. Il nous en sera que plus fidèle.

– Et vous croyez qu’il va accepter ?

– J’ai confiance en ce qu’il prenne la bonne décision.

Trois jours passèrent. Et comme l’avait annoncé Arcturus, Depan revint à Héléban.

– J’accepte, déclara Velkian lorsque le lieutenant fut face à lui. Mais gardez à l’esprit qu’en aucun cas je n’éprouverai de gratitude envers vous ou votre colonel. L’armée régulière reste mon ennemie ! Si je le fais, c’est uniquement pour Alfard.

– C’est tout à votre honneur, répondit le lieutenant. (Il se tourna vers la porte de la cellule). Geôlier !

Le garde arriva, chargé d’une liasse de documents. Depan en signa une dizaine et invita l’homme à la peau mate à en faire de même. Une fois le protocole achevé, le geôlier les guida au travers du labyrinthe que formaient les corridors sombres et inquiétants de la prison. Une dizaine de portes métalliques plus tard, et après quelques escaliers, ils débouchèrent sur la cour centrale.

La prison était bâtie en forme d’hexagone. La cour se situait en son centre. Les bâtiments étaient hauts, Velkian avait l’impression d’être au fond d’un puits. En face d’eux se tenaient les portes de métal de l’entrée principale. Velkian sentit son cœur bondir de joie, ce malgré lui. Il inspira profondément et savoura le sentiment de liberté que contenait l’air frais.

Les gardes les saluèrent à leur approche et leur ouvrirent les portes sans poser la moindre question. Velkian leur adressa un regard noir : il y a un mois à peine, ces mêmes hommes l’avaient traité comme un paria. Il garda cette remarque au fond de lui et passa le haut porche. Une calèche attelée à deux chevaux les attendait sur le côté de la route pavée. La silhouette du colonel filtrait à travers la lucarne de l’habitacle.

– Il vous attend, informa Depan en lui ouvrant la porte.

Il prit ensuite place aux côtés du cochet une fois que Velkian fut installé sur la banquette en satin.

– Bienvenue à vous, Chasseur ! l’accueillit Arcturus. Je suis ravi que vous ayez pris la bonne décision.

– Ma vie est au service d’Alfard, répondit simplement Velkian.

– C’est une chose que nous avons en commun alors !

Le colonel frappa deux fois contre le bois de l’habitacle. Un coup de fouet retentit, suivit d’un hennissement. La calèche se mit soudainement en branle, et commença à trembler au rythme irrégulier des pavés. Arcturus tendit au Chasseur une chemise en lin blanc, un pantalon en toile ainsi qu’une paire de bottes de cuir.

– Quelques habits propres ne vous feront pas de mal.

Velkian le remercia. Il observa d’un air perturbé sa nouvelle tenue. Il n’avait jamais porté de vêtements civils de sa vie. Il se déshabilla sans gêne devant le colonel et enfila ses nouveaux habits. Au temple, la nudité était commune dans les bains et dans les entraînements.

– À présent, que nous sommes seuls et à l’abri des oreilles indiscrètes, je vais vous expliquer en quoi consiste notre division et ce que nous attendrons de vous. Je dirige le Département des Recherches Antiques, que l’on appelle communément le DRA. Nous sommes une petite force militaire d’une centaine d’individus. Nous disposons de chercheurs, d’archéologues, d’experts linguistiques, et de quelques agents de terrain. Notre but est simple : trouver, récupérer, et copier toute technologie aréis qui nous pourraient nous donner un avantage sur les autres royaumes, que ce soit dans le domaine économique, militaire, industriel ou agricole. Pour cela, nos agents parcourent le monde pour fouiller les ruines aréis et en ramener leurs trésors.

– Et vous voudriez que j’intègre une de vos équipes d’opération, compléta le Chasseur qui regardait la prison s’éloigner progressivement.

– C’est exact. Je veux que vous preniez la tête de l’équipe C. La personne qui en assurait le commandement est malheureusement décédée au cours d’une mission. Vous aurez cinq hommes sous vos ordres : trois combattants et deux scientifiques.

Ils arrivèrent à un croisement. La calèche prit le chemin qui descendait vers la vallée. D’où ils étaient, ils pouvaient admirer la route serpenter sur les flancs de la montagne.

– Des scientifiques ? s’étonna l’ex-Chasseur. Je ne vois pas quelle est leur utilité dans un groupe de combat.

– Leurs connaissances vous seront indispensables, une fois sur le terrain. La technologie aréis peut s’avérer très dangereuse pour qui ne connaît pas son fonctionnement.

Ils passèrent un vieux pont en pierre qui enjambait un torrent. Un village se dessinait progressivement en contrebas, niché au milieu d’une épaisse forêt de sapins.

– À vous écouter, on dirait qu’il est aisé de trouver des artefacts aréis. Il me semblait pourtant que la majorité des ruines avait été depuis longtemps vidée de tous ses trésors.

Une remarque fit sourire le colonel.

– C’est un argument pertinent, mais en partie erroné. Il est vrai qu’il ne reste plus grand-chose à découvrir en Arcania. La preuve en est qu’aujourd’hui, les diverses nations ont redirigé leur curiosité vers l’exploration des Terres inconnues, pour trouver de nouvelles ruines. Ce monde est vaste, très vaste, et ce que nous en connaissons n’en est qu’une infime partie. Les Aréis avaient un immense empire à l’apogée de leur civilisation, il faisait près de quatre fois la taille d’Arcania. Mais des ruines non explorées demeurent encore dans le monde connu ; des villes, des forteresses. Cachées aux yeux de tous par la nature.

Vous allez certainement me dire. « Si personne ne les a trouvées, comment comptez-vous les découvrir ? » Je reconnais que les trouver en cherchant au hasard relèverait du miracle. Mais nous disposons d’un avantage que n’ont pas les autres nations…

Velkian fronça les sourcils. Arcturus avait réussi à capter toute son attention.

– Il y a cinq ans, un complexe souterrain aréis a été découvert lors de travaux d’agrandissement du palais royal. L’endroit était dans un état presque intact. Il s’agissait d’un ancien centre d’archivage. Nous y avons trouvé de nombreuses machines encore en état de fonctionnement ainsi qu’une quantité astronomique de documents. Pour nous, cela a été un formidable bond en avant. Le travail de traduction est, hélas, loin d’être terminé, mais à chaque document traduit nous sommes plus à même de comprendre cette civilisation et d’utiliser leur technologie. Ce sont grâce à ces informations que nous localisons les ruines aréis. Parfois, nous découvrons les coordonnées de site encore non explorés.

Velkian n’en croyait pas ses oreilles. Avec un tel avantage, Alfard était en passe de devenir la nation la plus avancée en matière de technologie. Le dicton était bien connu « qui maîtrisait la technologie aréis, dominait le monde ». Mais il savait également que le fonctionnement des artefacts aréis demeurait un mystère pour la communauté scientifique. Cette technologie antique avait cependant inspiré nombre de chercheurs et d’ingénieur et avait conduit à d’importantes innovations : telles la poudre à canon, ou encore la force motrice de la vapeur. Chaque adaptation réussie de la technologie aréis avait révolutionné le monde.

Velkian passa le reste du voyage à écouter Arcturus d’une oreille attentive. À l’entendre, le DRA semblait un lieu captivant et plein de vie.

La calèche rallia la capitale en quelques jours. Ils arrivèrent dans la cité industrielle en milieu d’après-midi, sous un temps couvert. Alfard était immense, elle s’étalait sur plus de deux kilomètres de diamètre. Son accès était protégé par un haut rempart de pierre. Et ses hauts-fourneaux relâchaient dans les airs d’épais panache de fumée noire.

La capitale était divisée en cinq quartiers, séparés les uns des autres par de hauts murs de pierre. Au nord se trouvait le quartier marchand, reconnaissable aux auvents multicolores de ses échoppes. À l’est se tenait le quartier ouvrier, l’endroit où siégeaient les imposantes usines. À l’ouest, était établi le quartier militaire. Et au sud demeurait le quartier culturel — un savoureux mélange de théâtres, de conservatoires, de galeries d’art et d’auberges.

Au centre de la cité s’élevait le palais royal, l’endroit où régnait le roi Forhus II. L’architecture du bâtiment était très moderne. Il ne faisait pas plus de trois étages et était très étalé. De plus, de hautes fenêtres parsemaient ses murs afin d’assurer un maximum de luminosité dans ses intérieurs. À l’inverse de la majorité des châteaux que l’on trouvait dans Arcania, il n’y avait ni donjon, ni tours, ni fortifications. La séparation du palais du reste de la ville était assurée par une haute grille de métal.

Velkian scrutait le ciel, fasciné par la multitude de navires qui le traversaient. Cinq navires de guerre y patrouillaient. Ils étaient plus longs, plus épais, et mieux armés que le vaisseau sur lequel il avait embarqué un mois et demi plus tôt. Leur coque était aussi renforcée par d’épaisses plaques métalliques.

La calèche arrivait à hauteur du faubourg de l’entrée est de la ville. Mais à la vue de la foule de travailleurs qui encombrait l’accès, le cochet préféra contourner la ville et rallier l’entrée sud. Arcturus prépara son passeport, ainsi qu’un ordre de mission. Alfard était un royaume très policier.

Ils passèrent sans encombre le point de contrôle sud, puis s’engagèrent dans l’avenue de la Victoire — l’artère qui menait directement au centre de la ville. Les rues étaient engorgées de passants en tout genre et d’échoppes. Il y régnait un dynamisme entraînant, voire effrayant. Les bâtiments étaient bâtis à l’identique : avec des briques rouges et hauts de plusieurs étages.

Arcturus passa beaucoup de temps à observer le Chasseur. Velkian semblait à la fois intrigué et effrayé par ce qu’il voyait. Restreint par l’Ordre des Chasseurs, il ne connaissait rien de du monde qui l’entourait.

Ils passèrent plusieurs quartiers résidentiels et rues commerciales et atteignirent le mur d’enceinte qui séparait le quartier militaire du quartier culturel. Quatre soldats armés de mousquet montaient la garde devant le porche. Depan leur tendit un calepin de cuir couleur bordeaux, et Arcturus présenta de nouveau son passeport. Le passage lui fut aussitôt accordé.

Le district militaire était un quartier disparate, où hangars, casernes, écuries, et bâtiments standards étaient savamment agencés les uns par rapport aux autres. Tous les corps de métier y étaient représentés, la capitale était le poumon de l’armée alfarienne. La majorité de ses éminences grises officiait en ses lieux.

Le cocher amena ses passagers devant un large bâtiment rectangulaire haut de deux étages, très semblable aux autres bâtiments qui l’entouraient.

– Nous y voici, dit Arcturus.

Ils posèrent pied-à-terre. Velkian observa le bâtiment d’un air incrédule. Était-ce donc là qu’était basé le Département des Recherches Antiques ? L’endroit ne donnait pas l’impression de protéger une des divisions les plus secrètes de l’armée… au contraire ! Mais peut-être s’agissait-il ici d’un choix stratégique pour camoufler l’existence du département ; dans lequel cas, la chose était réussie.

Ils entrèrent dans le bâtiment sans que quiconque contrôle leur identité. D’ailleurs, il régnait un tel va et viens que personne ne leur prêta la moindre attention. Velkian condamna fermement ce cruel manque de surveillance. Mais à sa grande surprise, le colonel les fit traverser le hall et ressortir de l’autre côté du bâtiment. Ils débouchèrent dans une petite ruelle qu’ils remontèrent jusqu’à atteindre un groupe de hangars apparemment désaffectés.

– Excusez-moi pour cette petite mascarade, dit Arcturus. Mais l’entrée de notre quartier général doit demeurer secrète. Il est important de brouiller les pistes.

Arcturus les mena jusqu’au hangar central, marqué du numéro 11— B. L’intérieur était rempli de piles de caisse de bois. Une dizaine de militaires y était affairée à décharger des chariots remplis du même type de cargaison.

– Font-ils partie de la mascarade ? demanda Velkian.

– Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? questionna malicieusement le colonel.

– Tous portent un pistolet et un sabre à leur ceinture. Or, ces hommes devraient être désarmés pour être plus à l’aise dans leur tâche. De plus, ils m’ont tous adressé un regard suspect à mon arrivée, et se sont détendus à votre vue.

Arcturus et Depan esquissèrent un demi-sourire.

– Finement remarqué, concéda Depan. Oui, ils font partie de notre département.

Ils pénétrèrent dans l’entrepôt et se dirigèrent vers le fond du hangar. Il y avait là quatre gardes, assis autour d’une table. Tous se mirent au garde-à-vous devant leurs supérieurs.

– Colonel ! Lieutenant ! saluèrent-ils d’une seule voix.

Leurs regards dévisagèrent l’homme à la peau mate dont le visage était parsemé de tatouages guerriers. Les personnes de cette couleur de peau n’étaient pas légion en Alfard ; et encore moins au sein de l’armée.

Arcturus leur rendit leur salut.

– Veuillez préparer le monte-charge, ordonna-t-il.

Un des militaires quitta le groupe et s’approcha d’un tas de caisse qui était adossé au mur du fond. Il ouvrit l’une d’elles et actionna un levier dissimulé en son sein. Une partie du mur se déplaça, révélant derrière lui un monte-charge de bois et de métal.

– Vous allez accéder à un des endroits les plus secrets du royaume, le prévint Arctrurus tout en l’invitant à se placer sur la plate-forme. J’espère que vous saurez apprécier l’honneur qui vous est fait.

Un des hommes actionna un autre levier et par un astucieux système de contrepoids et de poulie, la plate-forme descendit dans un roulement mécanique. Une cinquantaine de mètres plus tard, ils se trouvaient dans une salle de taille moyenne, aux murs recouverts de mousse, et éclairés par des torches. Une épaisse double porte de métal argenté leur faisait face. Elle était surveillée par deux gardes, qui se mirent eux aussi au garde-à-vous.

Sur ordre du colonel, ils firent ouvrir les portes. Une combinaison complexe de rouages, de barres métalliques et de verrous se fit entendre. Puis les deux battants de porte s’ouvrirent comme par enchantement. Au dos de chacun d’eux se tenait un labyrinthe incompréhensible de mécanismes.

– Je n’ai jamais vu une telle porte, avoua Velkian.

– Nous la devons aux maîtres-forgerons de la ville, commenta le colonel. Elle est entièrement recouverte de nacralite et ne s’ouvre que de l’intérieur. Vous connaissez sûrement la qualité de ce métal ?

– Bien sûr. Les armes de mon ordre en sont faites.

– Pour la petite histoire, il n’existe que deux portes de ce type dans le monde. Celle-ci, et celle qui scelle la chambre forte du duc Meraz. Mais ne vous arrêtez pas à la serrure qui verrouille le coffre, car le plus impressionnant est ce qu’elle protège !

Velkian ne put masquer son étonnement face à ce chef-d’œuvre : rassembler une telle quantité de ce rarissime minerai avait dû coûter une fortune !

La porte de nacralite leur donna vue sur un long tunnel creusé à même la terre. Des poutres de soutènement venaient empêcher que tout ne s’écroule. Une vive lumière jaillissait de l’autre bout. Ils marchèrent quelques minutes avant de déboucher sur le quartier général du DRA.

Velkian n’en crut pas ses yeux. Ils étaient au bord d’une terrasse, qui donnait vue sur une immense salle de forme ovale. Les murs étaient d’un blanc éclatant, et de nombreux cristaux de lumière, taillés en demi-sphère, les parsemaient. La luminosité était telle que cela en faisait mal aux yeux !

La salle était divisée en quatre étages. Ses couloirs grouillaient d’hommes et de femmes en uniforme blancs. Velkian se situa comme étant au niveau numéro deux.

– Voici, Al’hydir, présenta Arcturus en désignant la salle de sa main. Notre quartier général. Ou encore, votre nouvelle maison. Comme vous pouvez le voir, nous avons dû en creuser la paroi pour y avoir accès. Cela a demandé beaucoup de temps et de matériel : les murs aréis sont d’une résistance incroyable.

Velkian resta interdit devant la beauté épurée du lieu. Voilà donc à quoi ressemblait un bâtiment aréis.

– C’est malheureusement ici que nos chemins vont se séparer, s’excusa le colonel. Des affaires urgentes réclament mon attention. Jze vous confie au lieutenant Depan, il vous fera visiter les installations et vous présentera le personnel. Nous nous reverrons bientôt. En attendant, je vous souhaite encore la bienvenue parmi nous.

Velkian le salua respectueusement. L’officier disparut au coin d’un escalier.

– Nous voici à présent en tête à tête, plaisanta Depan. Et bien… par où voulez-vous commencer ? Il y a tant à voir ici, qu’une semaine ne suffirait pas. Croyez-moi !

L’ex-Chasseur ne savait que dire. Il ne connaissait rien à cet endroit et à la technologie aréis. Il y avait un mois et demi à peine, il était encore Chasseur… Sa décision de suivre Arcturus remettait totalement son existence en question. Son esprit était encore très confus. Il avait besoin d’être seul pour faire le point.

Devinant ses pensées, Depan proposa de le conduire à ses quartiers et de reporter la visite au lendemain. Velkian l’en remercia et se laissa guider à travers les différents niveaux d’Al’hydir. Sa préoccupation ne l’empêchait cependant pas de laisser son regard traîner partout où il passait : nombre de pièces étaient garnies de machines inconnues et d’hommes en blouse blanche.

Ils gagnèrent le premier étage et après quelques couloirs, le secteur résidentiel. C’était un ensemble de couloirs dont les parois étaient parsemées de portes. Chaque couloir en possédait environ une quarantaine. Chacune était numérotée d’un symbole aréis. Depan le mena devant l’un de ces portes, qu’il désigna être la 96. Velkian resta momentanément surpris par l’absence de poignée ou de mécanisme d’ouverture. Depan eut un sourire amusé. Il mit autour de son bras un bracelet orné d’un petit cristal rouge et toucha la porte. Celle-ci glissa aussitôt dans le mur.

Velkian regarda le miracle s’opérer d’un air horrifié. Des portes qui s’ouvraient toutes seules ne faisaient pas partie de son quotidien. Quel genre de magie était-ce ?

– Ne vous inquiétez pas, dit le lieutenant. Vous vous habituerez à cette technologie. À tel point, que le monde extérieur vous paraîtra vite archaïque. (Il lui tendit le petit bracelet.) Prenez-le, c’est votre « clé » de chambre et votre autorisation de circuler librement dans le complexe. Vous aurez juste à toucher les portes pour qu’elles s’ouvrent d’elles-mêmes.

Velkian prit l’objet et le contempla d’un air interrogateur.

– Comment cela fonctionne-t-il ?

– Par signature d’énergie. La technologie aréis est basée sur l’insertion d’énergie dans les matières cristallines. Ces petits cristaux émettent une signature propre, qui indique aux portes, aux machines et à tout ce qui est de conception aréis, qui vous êtes et quelles sont vos autorisations. C’est une sorte de passeport si vous préférez.

– Fort intelligent…

– Mais ces petites merveilles ont un défaut : leur autonomie est limitée. Heureusement, nous disposons des machines adéquates pour les recharger.

– Sans quoi, vous ne pourriez plus utiliser ce complexe, devina Velkian.

Depan acquiesça. D’un geste de la main, il l’invita à entrer dans la chambre. C’était une pièce spacieuse, aux murs couleurs neige, éclairée par un cristal-lumière taillé en demi-sphère. Elle faisait une trentaine de mètres carrés, mais était vide de tout meuble. Cela rappela à Velkian son ancienne cellule. Un souvenir qui lui laissa un long frisson.

Il interrogea le lieutenant du regard. Celui-ci lui fit signe de le suivre et le conduisit vers le mûr ouest de la chambre. Il y avait là un rectangle gravé dans la paroi d’environ deux mètres de long et haut d’une trentaine de centimètres. Sur son côté droit se tenait un symbole en forme de cercle, composé de runes incompréhensibles.

– Touchez-le, l’invita Depan.

L’ex-Chasseur s’exécuta. Aussitôt, la surface délimitée par la gravure se détacha du mur, révélant un lit fait au carré. Velkian recula, apeuré. Depan gloussa de cette réaction : elle lui remémorait ses premiers contacts avec la technologie aréis. Il présenta de la même façon les divers compartiments dissimulés dans la pièce : placards, douche, et toilette. Velkian était fort impressionné par cette démonstration : au moindre contact du cristal, les pans de murs bougeaient tel des pièces de puzzle. Cette technologie était à des milliers d’années de la technologie actuelle ! C’était à se demander comment les Aréis avaient pu disparaître.

– Je viendrais vous chercher demain vers huit heures, lança Depan avant de quitter la pièce. Reposez-vous bien Chasseur, car une longue journée vous attend.

Velkian le remercia et le regarda partir. Il s’approcha prudemment du lit, et le tâta du bout de la main pour s’assurer qu’il n’était pas vivant. Quelque peu rassuré par l’absence de réaction du mobilier, il s’installa sur le lit, qui se révélait être d’un confort exceptionnel. Il se laissa même amadouer par cette douceur. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas apprécié une bonne literie. Mais au lieu de se coucher et de récupérer de son voyage, il se mit en tailleur pour entrer en méditation. Cela l’aidait à réfléchir lorsque son esprit était troublé.

Le dilemme qui l’habitait n’avait pas changé de visage depuis Héléban. L’ordre avait été toute sa vie. Son esprit et son corps avaient été modelés pour suivre ses préceptes. Un Chasseur servait le roi ou mourrait ! Il n’y avait pas d’intermédiaire. Or c’était précisément dans cet endroit inexistant qu’il se trouvait. Il ne savait plus vraiment ce qu’il était à ce jour. Au fond de son cœur, il était toujours un Chasseur. Mais officiellement, il était devenu un agent du DRA.

En tant que Chasseur, il aurait dû suivre le codex de l’ordre et refuser la proposition d’Arcturus. Ce n’était pourtant pas la voie qu’il avait décidé de prendre. Velkian se surprenait encore à se voir renier ses vœux avec une telle facilité. Était-ce dû à la faiblesse de son esprit ou à la force de persuasion du colonel ? Peut-être était-ce tout simplement là son destin. Il était encore trop tôt pour le dire, il ne savait que comprendre à tout cela. Seul l’avenir pourrait lui fournir les réponses qu’il cherchait.

*

L’épée sombre traversa la gorge de l’assassin. Les yeux de l’homme roulèrent dans leurs orbites, tandis que son corps s’effondra mollement sur le sol de la cave à vin. Le combat n’avait duré que quelques secondes. Le vainqueur retira sa lame du corps sans vie avec une lenteur macabre. Son regard inexpressif examina les trois cibles restantes : elles s’étaient acculées au fond de la cave à vin, effrayées comme du gibier de potence. Tous portaient la tenue et les armes de la confrérie des Lames Noires.

C’était là, en somme, une petite réunion de famille ; mortelle pour ceux qui y étaient conviés.

Les trois cibles étaient de jeunes recrues de la confrérie. Leur premier assassinat avait mal tourné : ils avaient dû passer toute une famille au fil de l’épée, dont une petite fille de six ans. Ces meurtres avaient réveillé en eux un sentiment de culpabilité. Ils avaient déserté.

Dag Rugger comprenait cela et compatissait à leur mal-être. Beaucoup n’étaient pas faits pour ce travail. Hélas, ils en savaient trop sur la confrérie. Ils devaient donc disparaître.

Les déserteurs étaient pétrifiés par la peur, aucun n’osait esquisser le moindre geste pour fuir ou pour attaquer. Intérieurement, ils savaient que quel que soit leur choix ils étaient condamnés à mourir. Car même à trois, ils ne pouvaient espérer vaincre l’Exécuteur.

Dag Rugger attendit un certain temps, puis soupira devant l’inaction dont faisaient preuve ses cibles. Il allait devoir aller les chercher lui-même… Une chose qui l’ennuyait profondément.

Mais alors qu’il avançait d’un pas nonchalant, une porte s’ouvrit derrière lui. Une petite fille aux traits angéliques, apparue. Elle ne devait pas avoir plus de dix ans. Ses yeux d’une couleur mauve allaient de pair avec la coloration rose de ses cheveux ondulés, qui étaient séparés en deux nattes. Deux ailes blanches dépassaient de son dos, leurs plumes soyeuses étaient entachées de sang frais.

– Ça y est Dag ! s’exclama l’arcanienne, fière d’elle. Le vigneron et sa famille sont passés dans l’autre monde. Le plus amusant a été avec leur petit garçon. Tu veux savoir comment j’ai fait ?

– Ils sont morts, c’est tout ce qui compte, soupira son mentor.

La petite fille croisa les bras et se mit à bouder.

– T’es pas drôle. (Sa tête se tourna vers les trois assassins novices.) Tu ne les as toujours pas tués ?

– Non, dit-il sans entrain. Je prends mon temps.

– Je peux les tuer ? demanda-t-elle avec des yeux pleins d’espoir.

– On va leur demander. (Il s’adressa aux déserteurs.) Je vous propose un jeu.

– Ouais, un jeu ! s’exclama Lylie avec enthousiasme.

Dag soupira… Sa disciple était parfois exaspérante. Les déserteurs fixèrent longuement ce curieux duo, stupéfaits par tant de contraste entre leurs caractères.

– Ce sera un duel. Choisissez qui vous voulez affronter : moi ou la fillette. Si vous parvenez à nous toucher ne serait-ce qu’une fois, vous pourrez partir. Mais si au bout de trois essais vous n’y parvenez pas, nous vous tuerons.

– J’adore ! J’adore ! J’adore ! exulta Lylie.

Les trois hommes crurent d’abord à une blague de mauvais goût. Mais devant l’insistance de l’Exécuteur, ils finirent par comprendre qu’il était sérieux. Il leur donnait une chance de pouvoir vivre ! L’un d’eux s’avança.

– Je choisis la petite.

– Ouaiiiiiii ! hurla l’arcanienne en sautant de joie.

Elle tira sa lame — une petite épée noire d’une soixantaine de centimètres — et s’avança, le sourire aux lèvres. Le déserteur se mit en garde, sûr de sa victoire : du haut de son mètre vingt, l’arcanienne était plus qu’inoffensive. L’ex-assassin fit un pas. Lylie sortit un couteau de sa manche et le lança. La petite lame alla se figer dans la cuisse droite de l’homme. Le déserteur sentit sa jambe se dérober sous lui.

– C’est mieux quand on est à la même taille, dit-elle.

– Tu triches, fit remarquer Dag Rugger. Tu n’avais le droit de l’attaquer que s’il te ratait trois fois.

En guise de réponse, la petite terreur lui tira la langue. L’ex-assassin se remit péniblement debout. La colère pouvait se lire dans ses yeux. Il fondit sur la fillette et tenta de la couper en deux. Mais la petite arcanienne s’envola et gagna le haut d’un des pressoirs à vin. D’humeur taquine, elle fit miroiter un second couteau. Le déserteur en profita pour prendre le couteau planté dans sa cuisse et le renvoyer à sa propriétaire. La petite lame aiguisée passa à quelques centimètres de la tête de Lylie, qui perdit alors l’équilibre et tomba dans le pressoir. Quand elle refit surface, des grappes de raisins écrasés et du jus poisseux l’imbibaient.

Son regard avait changé… La petite fille extravertie qu’ils avaient connue quelques secondes auparavant n’était plus. Elle avait laissé place à une furie sanguinaire qui ne voulait plus qu’une chose : réduire son adversaire en morceaux.

– Tu n’avais pas le droit de faire ça, dit-elle, menaçante. T’es un homme mort !

Rapide comme l’éclair, elle bondit sur son adversaire. Elle passa sous la lame qui tenta de la tuer, et entailla les cuisses de sa victime. L’homme s’effondra en hurlant. Lylie lui attrapa alors la tête et commença à le décapiter dans de vifs mouvements de va-et-vient. Quand son œuvre fut achevée, elle balança son trophée au pied des déserteurs restants.

– Il n’y en a pas un autre qui veut me lancer des couteaux ? s’écria-t-elle, hystérique.

Les deux hommes regardèrent la tête de leur compagnon avec stupeur. Ils déglutirent avec difficulté.

– Calme-toi, Lylie ! ordonna Dag.

La voix ferme du mentor eut comme l’effet d’une douche froide sur son apprentie. Elle retrouva son regard angélique.

– À quoi bon cette mascarade ? s’écria l’un des ex-assassins. Nous savons pertinemment que nous n’avons aucune chance. Mieux vaut en finir tout de suite.

Dag soupira encore une fois. Ces cibles étaient d’un ennui... Il retira son capuchon et dévoila son visage : ridés, osseux, et visiblement las de la vie. Le vieil assassin retira ensuite son équipement, laissant tomber à terre ses deux épées, une ribambelle de couteaux de lancer et une dague aux courbes étranges.

– Voilà qui devrait équilibrer les chances, dit-il.

Le déserteur scruta soigneusement le vieil homme : il paraissait fatigué, las, et parcouru d’arthrose… L’assassin novice reprit quelque peu confiance en lui. Son regard brilla de nouveau d’une certaine vivacité. Il choisit alors Dag Rugger comme adversaire, préférant éviter l’affrontement avec la petite berserker.

Il prit l’initiative du combat. Mais sa lame passa à moins d’un centimètre du buste de son adversaire. Surpris, l’ex-assassin relança une seconde attaque, puis une troisième. Mais à chacune de ses tentatives, l’Exécuteur évitait la lame de justesse.

Le déserteur devenait de plus en plus excédé : peu importe le type d’attaque ou de technique qu’il employait, son adversaire trouvait toujours le moyen de les esquiver en ne bougeant presque pas. Comme pour le narguer ! Mais à la sixième attaque, l’Exécuteur effectua un pas en avant et avança dans la garde de son adversaire. Il lui saisit alors le poignet et le cassa d’une technique de clé. Il récupéra ensuite l’épée que son opposant venait de laisser tomber et l’enfonça dans le corps de son propriétaire. Le déserteur s’effondra, mort.

– T’es trop fort Dag ! s’écria Lylie, ivre de joie. À moi, maintenant !

Mais le dernier ex-assassin ne l’entendait pas de cette oreille. Pris de panique, il tenta de fuir. Lylie lui barra le chemin, un sourire malsain aux lèvres.

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G
Merci pour ton suivit, Bernieshoot ^^
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B
pas simple de prendre une histoire en cours, l'intrigue est bien construite visiblement
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